Séjour n°16. Du val d’Astau aux Posets
Date : Du samedi 03 au samedi 10 septembre 2011
Animateur : Yannick
Secteur géographique : Pyrénées Centrales Françaises et Espagnoles
Classement : Difficile
Participants : 4 2 F, 2 H
Kilométrage auto : 1140 km
Nombre de véhicules : 1
ORGANISATION
C’est en petit comité suite à quelques désistements que nous démarrons de Clermont-Ferrand à une heure matinale. Le voyage en voiture se déroule sans encombres et nous permet d’arriver vers 14 h sur les hauteurs de Luchon, au lieu dit les Granges d’Astau, point de départ de notre beau périple.
MATERIEL UTILISE ET MIS A DISPOSITION PAR L’ASSOCIATION
Une tente bi-place de marque Coleman (modèle Cobra), une tente perso utilisée par Janine et Christiane de marque Vaudé, 2 piolets cannes et 2 piolets perso, 1 corde longueur 30 m et 1 GPS perso.
INCIDENTS
Le rythme a été bon dans l’ensemble malgré nos sacs bien chargés de 7 jours d’autonomie et ce sur un terrain extrêmement varié. Plusieurs passages délicats voir difficiles par endroits. Le découpage des journées a été respecté. Seule une dernière étape éventuellement envisagée « sur papier » dans les Vals d’Arrouge et d’Esquierry n’a pas été faite. Les dénivelées cumulées conséquentes déjà effectuées, la difficulté de cette dernière étape et la fatigue se faisant ressentir, nous choisissons de redescendre au plus court. Sur l’ensemble du parcours, quelques chutes ont occasionné des éraflures, des bleus et une bonne foulure à un pouce dans les derniers jours pour Thierry. Quelques cachets d’anti-inflammatoire et de la pommade ont permis de calmer un peu la douleur. Quelques bonnes montées d’adrénaline dans les passages les plus exposés. Hébergement Les nuits se sont passées en bivouac sous tentes avec de superbes lacs ou ruisseaux toujours à proximité sauf une nuit dans la petite cabane du Llardaneta, au pied des Posets.
METEO
Le démarrage de notre séjour du côté français s’est fait par un ciel clément mais se chargeant assez rapidement. De bonnes averses la nuit suivante et un brouillard très épais le dimanche matin pour passer la crête frontalière. Et pas par n’importe quel passage, par le petit col escarpé du port d’Oô ! Ensuite ce fût un très beau temps côté espagnol et pour tout le reste du séjour. Températures très agréables de jour comme de nuit.
ITINERAIRE
Le but de ce séjour était de découvrir un petit coin de paradis, le massif des Posets en Aragon. D’en effectuer le tour au départ du Val d’Astau et d’en gravir son sommet par la voie Royale ! C’est un itinéraire de Haute Montagne dans un environnement parfois très sauvage et extrêmement varié. Des paysages somptueux et très contrastés suivant les vallées : le cirque du Seil de la Baque avec ses longues murailles de roches et de glace et ses nombreux prestigieux sommets de plus de 3000 m. La riante et verte vallée d’Estós. Le cirque de Batizielles et son beau chapelet de lacs agrémentés de pins à crochets où se reflètent les aiguilles de Perramó. Les Posets, sommet beaucoup moins fréquenté et connu que son voisin d’étage l’Anéto, avec une vue à 360° de la Munia à la Maladeta en passant par les Gourgs Blancs et la Perdiguère. La très sauvage vallée du Pixón avec ses lacs aux eaux limpides et celle d’Añes Cruzes avec ses champs cultivés et ses granges aux toits d’ardoises rouges. Le très beau vallon d’Aigues Tortes au pied du Batchimale et les Gourgs Blancs, qui d’année en année, voit malheureusement la disparition inéluctable de son glacier. Nous avons eu la chance de croiser la route de petits groupes d’Isards sous la crête du Forcau, groupes constitués de jeunes et de femelles. Ainsi que d’assister au déplacement majestueux d’un lagopède dans les pierriers de la Tusse de Montarqué. Notre passage au col d’Aigues Tortes fût salué par le vol de quatre vautours fauves. Sur le plan humain, une très bonne ambiance au niveau du groupe avec pleins de petits moments et de partages fabuleux et une très belle rencontre au col des Gourgs Blancs. Celle d’un montagnard expérimenté et passionné de 71 ans, qui partait faire l’ascension du Pic Gourdon. Ascension qu’il avait faite pour la 1er fois 38 ans plus tôt presque jour pour jour!
Pour ce parcours, 2 cartes ont été utilisées : la carte IGN au 25 000 ème 1848OT Bagnères de Luchon et la carte au 50 000 ème Anéto-Posets de l’Institut Cartografic de Catalunya. Cumul des dénivelées positives de 7990 m, et autant de négatives.
DETAIL DU PARCOURS :
Samedi 03 septembre. DP 815 m / DN 90 m / Durée du déplacement 2h45
Nous quittons les Granges d’Astau vers 14h30 pour remonter le GR10 vers le lac d’Oô. Passage à proximité de la très belle cascade d’Oô puis franchissement de notre premier col, celui d’Espingo. Premier bivouac de la semaine au lac du Saussat. Nous devinons au loin à travers les premières écharpes de brume les hauts sommets de la crête frontalière. De magnifiques aiguilles et des blocs de granits aux formes si particulières.
Dimanche 04 septembre. DP 1265 m / DN 1320 m / Durée du déplacement 10h29 Lac du Portillon, Tusse de Montarqué, Port d’Oô, Lac de Gias, bivouac Rio d’Estós.
La nuit fût marquée par quelques bonnes averses et nous nous réveillons sous un temps humide, accompagné par de bonnes écharpes de brume. L’ascension se poursuit sur sentier par la Coume de l’Abesque jusqu’au lac du Portillon. Petite pause café au refuge du Portillon avant d’attaquer les hostilités ! Le brouillard s’épaissit fortement. Tous les sommets sont maintenant accrochés et nous ne voyons plus rien. La Tusse de Montarqué se dessine à peine. Notre déplacement dans les pierriers demande quelques moments d’arrêts afin de se recaler. Deux-trois points GPS relevés lors de la reconnaissance permettent de nous conforter dans notre itinéraire. Nous sommes sur la ligne de crête, on entend en contrebas le ruisseau qui se jette dans le lac Glacé. Nous arrivons au pluviomètre de la Tusse sans l’avoir aperçu de bien loin ! Une petite et fugace éclaircie nous permet d’entrevoir le col des Gourgs Blancs. A sa gauche notre prochain objectif, le port d’Oô. Petit passage très escarpé et très peu fréquenté! Nous basculons en Espagne. Le temps s’améliore, nous gagnons pleine pente le lac de Gias. Une courte pause bien méritée avant d’attaquer la longue descente glissante vers la vallée d’Estós. Rencontre et échange avec un espagnol parlant fort bien le français. Il vit en Australie et s’accorde chaque année des vacances sportives et bien méritées dans sa montagne. Nous le laissons dévaler la pente et continuons notre descente. Nous installons le bivouac au bord du Rio d’Estós en évitant au possible les bouses de vache. Et c’est pas peu dire, on est en plein sur leur territoire! Un chien de berger vient partager notre soirée et grignoter quelques miettes de notre repas.
Lundi 05 septembre. DP 1275 m / DN 795 m / Durée du déplacement 09h47 Abris de Batizielles, Ibón Gran de Batizielles, Col de la Plane, Ibón de Grist, cabane de Llardaneta.
Nous remontons quelques centaines de mètres afin d’emprunter un petit bout du GR11 et cheminons par un beau sentier en balcon qui nous amène aux abris de Batizielles. Un véritable petit paradis au milieu des pins à crochets ! La montée par un sentier cairné à travers les lacs et les aiguilles de Perramó est vraiment superbe. Le paysage est complétement différent de la veille. Le col de la Plane nous tend les bras, il faut se mouvoir à travers un dédale de rocs et de rochers parfois immenses. Du col, vue plein ouest sur les Posets. Magnifique ! Il impose le respect de part sa grandeur et sa stature. En face, le glacier des Posets qui malheureusement ne ressemble plus vraiment à un glacier. Notre imagination débordante tente d’établir un éventuel passage pour atteindre le sommet par ce versant escarpé. Il sera plus sage de l’aborder par la voie Royale! Nous descendons à travers des pentes herbeuses en évitant quelques petites barres rocheuses et ravitaillons en eau au lac du Grist. Prochain objectif le bivouac au lac du Llardaneta. Nous tentons de ne pas perdre trop d’altitude en cheminant au plus près de la crête du Llardaneta. Malheureusement, nous butons sur des barres rocheuses infranchissables. Mauvais plan, il est plus sage de faire demi-tour sur quelques centaines de mètres afin de trouver un passage assez escarpé qui finalement nous conduit à la cabane du Llardaneta. L’eau y est assez abondante, le terrain tout autour est relativement pentu et cette petite cabane semble fort accueillante. D’un commun accord, nous y passerons la nuit. On sent une certaine excitation dans les préparatifs ! Le sommier qui va nous servir de lit est en béton. Quelques affaires disposées dessus vont nous permettrent de dormir sur un lit un peu plus douillé !
Mardi 06 septembre. DP 1560 m / DN 1450 m / Durée du déplacement 10h49 Ascension des Posets par la voie Royale, Ibón du Llardaneta, Col d’Eriste, bivouac Ibón du Millás.
Nous nous réveillons avec quelques courbatures. La nuit fût plus fraîche qu’à l’accoutumée. Un bon petit-déjeuner avalé et c’est une belle journée d’ascension qui commence sous un soleil toujours bien présent. Nous remontons la vallée du Llardaneta jusqu’à l’entrée de la voie Royale. On s’allège de quelques kilos et nos affaires sont cachées bien à l’écart au pied d’un gros bloc de granit. Et c’est parti! La dent de Llardana nous tend les bras. Le cheminement est pour l’instant assez aisé, il se fait dans des petits éboulis relativement stables. Passage par un petit collet à 3000 m avant de poursuivre sur la ligne de crête. La dernière longueur jusqu’au sommet est un peu aérienne. Ça y est, nous y sommes ! Un grand moment de partage et la joie d’avoir atteint le 2ème plus haut sommet des Pyrénées à 3375 m d’altitude. Une superbe vue à 360° de la Munia à l’Anéto, en passant par le Vignemale, le Batchimale, les Gourgs Blancs et la Perdiguère. On s’accorde le temps de faire chauffer un peu d’eau pour une pause café avant de redescendre par le même itinéraire. Une fois les affaires récupérées, nous poursuivons sur l’Ibon du Llardaneta et ravitaillons en eau. Le moral est bon et l’équipe en forme. Nous continuons vers le col d’Eriste où nous croisons la route de groupes d’Isards. Ils ont été dérangés par notre arrivée et par celle d’Allemands descendants du col. La montée au col est raide mais courte. Descente pleine éboulis et pierrier en direction de Biadós. On aperçoit en contrebas le prochain bivouac. Les barrières rocheuses et les pentes couvertes de gispet paraissent à nouveau infranchissables. Nous les contournons en descendant dans la vallée avant de remonter par une belle sente jusqu’au lac du Millás. Un très beau bivouac isolé agrémenté pour quelques heures de bons rayons de soleil.
Mercredi 07 septembre. DP 985 m / DN 1315 m / Durée du déplacement 09h12 Ibón du Lenés, Ibón du Luzeros, Ibón du Pixón, Ruisseau du Pixón, Biadós, bivouac à proximité
de la cabane d’Añes Cruzes.
La nuit fût douce et réparatrice. Nous décidons de rejoindre Biadós non pas par la vallée du Millás mais par celle du Pixón et son dédale de lacs et de pierriers en tous genres. L’étape est délicate et se fera hors sentiers jusqu’au fin fond de la vallée. Le cheminement est superbe, très sauvage et nous oblige parfois à éviter quelques gros blocs. Nous sommes enchantés de découvrir tous ces petits lacs sauvages aux eaux limpides ainsi que les ruines d’anciennes bergeries. La descente par un passage court mais très escarpé pour atteindre le lac du Luzeros se fera à l’aide de la corde pour Christiane. C’est préférable dans ce genre de terrain. Un grand merci à Janine pour son coup de main ! Petite pause et très courte sieste au lac du Luzeros afin de se requinquer. Plus bas, nous croisons la route de 2 français, un père et son fils, surpris eux aussi de voir du monde par ici ! « Les marches sont hautes, nous disent-t-ils ! » Un repas vite avalé sur les hauteurs du Pixón et nous voilà repartis. Quelle descente ! Les marches sont hautes et le terrain de jeu peu praticable. Pas étonnant que cet endroit soit aussi peu fréquenté ! Nous atteignons enfin la Cinqueta en fond de vallée. Nous retrouvons un bon chemin jusqu’au hameau de Biadós et faisons une petite halte au refuge afin de se désaltérer. Nous achetons aussi un petit supplément bien mérité pour le repas de ce soir. Pour certains, ce sera tortillas. Pour d’autres, du bon jambon espagnol. On va se régaler ! Allez courage, dernier effort de la journée : encore 2h de montée jusqu’à l’entrée de la vallée du Ghistain, lieu de notre bivouac.
Jeudi 08 septembre. DP 1290 m / DN 1060 m /Durée du déplacement 09h43 Port d’Aigues Tortes, Lac du Pouchergues, Lac du Caillauas, bivouac Lac des Isclots.
Nous quittons notre lieu de bivouac et suivons la HRP qui descend du Pic d’Aigues Tortes. Le col se dessine à gauche, on serpente dans le pierrier. Ça y est, le port d’Aigues Tortes s’ouvre à nous.
Quatre beaux vautours fauves nous saluent. Pause photos avant d’attaquer la longue descente du côté Français. C’est vraiment sublime et très sauvage. Le contraste des couleurs est saisissant entre le rouge des falaises, le vert des pelouses d’altitude, le gris-marron des blocs de granit et les couleurs resplendissantes de quelques fleurs d’altitude. La pause repas se fait à la cabane du Pouchergues avant de remonter au lac du même nom. Pour la suite, deux possibilités s’offrent à nous : soit aller au plus court en passant la crête du Quartau par les cols du Legnés ou du Quartau ou soit faire le tour de la crête en passant bien au dessus du refuge de la Soula. Nous choisissons la solution la plus longue mais la plus facile. Les falaises de part et d’autre ne sont pas à prendre à la légère ! Un beau chemin en balcon nous fait découvrir la Neste de Clarabide, en contrebas le refuge de la Soula et la centrale électrique du barrage de Caillauas. Nous traversons le barrage et poursuivons la montée vers notre dernier bivouac, le lac des Isclots. Un superbe emplacement tout au bord du lac avec au programme baignade, toilette et une belle soirée !
Vendredi 09 septembre. DP 800 m / DN 1960 m / Durée du déplacement 10h16 Col des Gourgs Blancs, Lac du Portillon, Lac d’Espingo, Granges d’Astau.
Le glacier des Gourgs Blancs se dessine au loin devant nous. Il est majestueux et impressionnant.
Nous remontons vers les lacs du Milieu et Supérieurs. La moraine glacière est immense, un pas de géant est nécessaire pour la franchir et arriver ainsi au pied du glacier. Il n’en reste malheureusement vraiment plus grand chose ! La pente s’atténue et nous débouchons au col. Superbe rencontre avec notre montagnard de 71 ans qui part faire l’ascension du Pic Gourdon. Il nous invite à l’accompagner mais la journée n’est pas finie, reste encore à descendre jusqu’aux voitures et la fatigue se fait sentir. Une autre fois peut-être ! Nous serpentons à nouveau sur la moraine du Seil de la Baque, avant de passer sous la Tusse de Montarqué. Petite pause repas sous le barrage du Portillon. Allez courage, reste encore une grosse descente jusqu’aux voitures ! La joie d’arriver aux Granges d’Astau est palpable. Cette journée bien remplie finit d’achever une belle semaine passée tous ensemble, un séjour qui restera certainement dans nos mémoires ! Nous cherchons un camping pour le soir et décidons de ne pas descendre sur Luchon. L’envie de garder cette quiétude pour quelques heures encore ! Notre choix s’arrêtera sur un petit camping tout proche situé dans le hameau de Garin. Accueil fort sympathique des gérants et nous terminons par une superbe soirée dans une belle ferme auberge tout à proximité, en nous délectant de quelques recettes locales et boissons réparatrices !
Samedi 10 septembre. Retour sur Clermont.
-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-