Dates : du 28 août au 6 septembre 2021
Animateur : Thierry
Nombre de participants : 10 (1 F, 9 H) animateur compris
Classement Atlas : Difficile
Kilométrage auto : Clermont – Les Aymes pour 3 voitures = 740 km A/R
Météo: parfaite – pluie une heure le J 7- sinon un ciel variable à souvent ensoleillé avec une grande douceur
Terrains et paysages : la haute montagne et de profondes vallées-Prédominance du schiste sur les cols – Gneiss sur les sommets et dans les vallons. De beaux glaciers blancs et noirs toujours vus d’assez loin
Animaux: à part les marmottes, quelques chamois le J8, quelques rapaces. Je m’attendais à en voir plus
Cumuls : KM=169 D+ = 11002 m D-= 11404 m
Jour 1 : Aymes- refuge des Mouterres– 9 km – 990m D+ – 4h de déplacement
Partis de Clermont à l’heure exacte – 6h00 – avec trois véhicules, nous nous arrêtons pour une pause réconfortante sur l’aire de l’Isle d’Abeau avec le petit-déjeuner que j’avais préparé. Nous laissons une voiture près du Bourg d’Oisans à la Denchère qui sera notre point de fin de rando afin de diminuer autant que possible la dernière étape. Et puis marcher dans une grande vallée large vers le Bourg ne présente pas d’intérêt… A l’issue, nous gagnons finalement Mizoën au-dessus du lac du Chambon et notre parking final dans le hameau de Aymes. Après vingt minutes passées à nous équiper et vérifier nos sacs les choses sérieuses peuvent commencer. Il est 11 heures
Direction le refuge des Mouterres sous le plateau d’Emparis par le GR 50. Ce sera notre seule infidélité au GR 54 ! C’est le gardien des Mouterres qui m’a conseillé ce chemin en balcon au-dessus du lac du Chambon. Il a eu raison. Le GR54 qui passe plus haut suit plutôt de larges pistes car on peut arriver en véhicule au refuge. Après quelques passages très aériens, nous tombons sur le lac Lovitel qui s’assèche en été voire qui se comble un peu comme le lac d’En-bas à La Godivelle.
Nous prenons notre premier déjeuner sur les tables du refuge des Clôts après 1h30 de mise en jambe. Ce refuge reçoit surtout des randonneurs à la journée. Il est rustique mais son café excellent. Les poules de son poulailler sont assez intrépides pour essayer de nous picorer tout ce qui semble à leur portée, attention à pas laisser traîner les mains ! Dès la sortie du refuge, c’est la première vraie grimpette du séjour jusqu’aux cascades qui surgissent d’une fontaine pétrifiante formant des concrétions de tuf. Le site est préservé par un arrêté de protection de biotope. Parvenus au-dessus de la cascade, nous trouverons facilement la résurgence qui alimente le tout. Le sentier s’adoucit un peu jusqu’à l’intersection avec la piste qui permet aux véhicules de parvenir à partir de Mizoën au refuge des Mouterres voire aux différentes cabanes de berger qui parsèment le pied du plateau d’Emparis sur lequel nous cheminerons le lendemain. Premier refuge avec une douche froide et de nombreux enfants qui mettront une belle ambiance dans le dortoir.
Jour 2 : Les Mouterres-Alpe de Villar d’Arène : 24 km – D+=1230 m – D- =1415 m – 9h de déplacement
Longue journée pour parvenir à proximité du col d’Arsine et des sources de la Romanche, rivière que nous remonterons dans l’après-midi. Du refuge, nous grimpons rapidement vers le plateau d’Emparis, hors GR et sans passer par le col du Souchet car nous voulons découvrir plus au sud les lacs du plateau : lac Cristallin, lac Noir et lac Lérié. Cette boucle nous permet d’avoir la Meije et ses vassaux, le Rateau et le Bec de l’Homme constamment en vue. La Meije rate les 4000 pour 2 mètres ! Seigneurs entourés par les grands glaciers des Ecrins dont la Girose et les glaciers du Rateau, de la Meije et du Tabuchet . Avant l’annexion de la Savoie par la France, ce sera le plus haut sommet français puisque le Mont Blanc était rattaché au royaume de Sardaigne. A partir de la seconde moitié du XIXème siècle, ces sommets des Ecrins sont l’objet d’une lutte acharnée entre les riches « touristes » anglais et des Français. Ce sont deux français qui vainquirent la Meije les premiers en août 1877: Pierre Gaspard, un rude paysan de St Christophe en Oisans et d’un jeune aristocrate languedocien, Boileau de Castelnau. Pierre sera le premier d’une grande lignée de guides de la vallée du Vénéon. Parmi les « touristes » anglais, on citera Coolidge (qui était américain ! et qui laissera son nom à la voie directe de la Barre des Ecrins et à son pic éponyme), Whymper qui vainquit le premier la Barre, Tucket… . Michel possède une application sur Smartphone qui permet d’identifier facilement les sommets visés par l’objectif : très pratique et informatif. Les Ecrins comptent plus d’une cinquantaine de 3000 et + et deux 4000 (Barre des Ecrins et son Dôme de Neige (respectivement 4101m et 4009m).
.Ce dimanche matin, nous tombons sur de nombreux bivouacs autour des lacs : assez faciles d’accès, les gens ont tendance à monter pour y passer la nuit. Le plateau d’Emparis est un grand plateau d’élevage ovin qui ondule à l’horizon. Sa traversée et sa boucle des lacs nous aura pris près de trois heures. Une longue descente vers la Grave nous attend… l’occasion de découvrir de beaux villages comme le Chazelet et les Terrasses. Nous arrivons à la Grave par le haut et les cordages accrochés aux maisons en guise de rampe dans les venelles pentues attirent notre attention. Tous comme les croix du cimetière, en bois et d’une forme originale dont je n’arriverai à connaitre l’origine que plus tard (grâce à Internet) : . Le triangle au centre des croix représente la Sainte Trinité et le cercle l’unicité du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Nous franchissons la Romanche juste avant la pause méridienne prise sur de belle pentes herbeuses à la sortie du village. Nous remontons en balcon la Romanche jusqu’à Villar d’Arène par des sentiers exigeants. N’ayant pas trop étudié la carte, je suis surpris par les gros coups de cul du début d’après-midi. La fatigue aidant, lorsque le terrain semble moins difficile, un des nôtres glisse sur un passage rocheux et humide qui lui met son annulaire droit en vrac (angle à 30° environ). Par présence d’esprit, il le remet en place. Je lui ferai une attelle à l’aide du manche de la cuillère en bois de la salade du pique-nique. Un petit doliprane et nous voilà reparti vers le dernier tiers de la rando du jour, la montée à l’Alpe de Villar d’Arène. Nous ne sommes pas très loin du col du Lautaret. Un dernier verrou glaciaire, le Pas d’Anna Falque, en guise de dernière difficulté de la journée et nous n’avons plus qu’à suivre un sentier apaisé dans les herbages de l’Alpe avant de parvenir aux deux refuges, un CAF et un privé : le nôtre, le superbe refuge de Chamoissière. Hélas, l’accueil est un peu rigide et manque de bienveillance et de spontanéité. Néanmoins, le gardien est un peu « joueur » et nous met au défi de reconnaitre les deux, trois sommets qui surplombent le refuge. La carte bien orientée fera vite sortir les bonnes réponses. Restera une énigme à résoudre qui ne l’était pas encore à notre départ. Notre hôte s’est vanté d’aller se ravitailler en 4X4 ! A première vue, impossible par le chemin de l’Alpe que nous avons emprunté et impossible par le haut vers le col d’Arsine…. Ce n’est que quelques jours plus tard que Michel a trouvé la réponse dans un des livres que j’avais emmenés : un tunnel avait été construit dans les années 70 par EDF, du col du Lautaret au Plan de l’Alpe pour mener des reconnaissances pour un projet de barrage au niveau du verrou d’Anna Falque. Ce tunnel est fermé par une grille au niveau de l’Alpe…. Michel et moi sommes persuadés que c’est la bonne réponse et que le gardien en possède la clé 😊 Je dois lui faire un mail pour valider. Qui sait, nous gagnerons peut-être une nuitée dans son refuge. Cadeau que j’échangerai pour une nuitée dans le refuge du CAF juste au-dessous, à l’ambiance plus chaleureuse, parait-il.
Jour 3 : Refuge de Chamoissière – Le Monétier : 17 km – D+=460m – D-=1060m – 6h30 de déplacement
Etape sans grande difficulté qui nous permet de rejoindre la vallée de la Guisane en profitant bien du terrain, de la flore et des paysages. Du refuge, nous remontons la haute-vallée de la Romanche vers le col d’Arsine. Devant nous, plein sud se dévoile le pic de Chamoissière, le pic d’Arsine à plus de 3200 m, le pic Cordier et un peu plus loin encore à plus de 3800m les crêtes de la Montagne des Agneaux . Sur notre gauche en montant, c’est le massif de Combeynot (que tangente le sentier des Crevasses évoqué plus haut) tout en dolomie jaunâtre qui contraste avec le gris – vert des gneiss des sommets évoqués. La grande affaire du jour est d’aller rendre visite aux lacs glaciaires d’Arsine. La première chose que l’on voit en montant aux lacs à partir du col, c’est l’imposante moraine de près de 250 m de haut. Les eaux du glacier d’Arsine (dont il ne reste plus grand-chose) s’échappent et par un ruisseau, le Petit Tabuc qui s’écoule dans un long vallon jusqu’à proximité du Casset et qui se jette finalement dans la Guisane. Nous dissimulons nos sacs pour monter tranquillement jusqu’au lac par un beau chemin qui gravit la moraine. A notre arrivée ce sont deux et non un lac que nous découvrons. Et puis rien ne semble complètement naturel dans ce que nous observons. Nous avons en fait affaire à deux lacs séparés par une tranchée d’une centaine de mètres de long. Je donne l’explication au groupe. Au début des années 80, le niveau du lac s’est mis à monter dangereusement en risquant de creuser un chenal dans la moraine qui aurait été une grave menace pour le village du Casset tout en bas dans la vallée. Il a donc été décidé de vidanger une partie du lac par le creusement d’un chenal et la création d’un second lac, artificiel donc ! L’ensemble est toujours sous contrôle… Les engins de terrassement utilisés avaient été acheminés par le tunnel évoqué plus haut. Le front du glacier d’Arsine touchait presque le lac il y a 10 ans : il est à près de 100m derrière aujourd’hui. De plus le glacier est devenu un glacier noir : on ne s’en était pas rendu compte sur le moment mais en observant bien on devine le front de glace recouvert de dépôts morainiques de toute sorte. Ce paysage majestueux surmonté par les crêtes de la Montagne des Agneaux restera longtemps imprimé dans nos souvenirs. A noter que ce sera précisément à cet endroit que nous serons le plus proche du glacier Blanc et de la Barre des Ecrins dans la haute vallée de la Vallouise que nous descendrons le lendemain.
Pour l’heure, une longue descente nous attend jusqu’au Casset et la vallée de la Guisane. Nous cheminons le long du Petit Tabuc qui livre alors ses couleurs féériques. Ambiance Blue Lagoon islandais garantie. Le haut du vallon est parsemé de petits étangs qui invitent au bivouac. Jusqu’au déjeuner, la pente se fait plus raide et ce n’est que sur le lac de la Douche que nous retrouverons des pentes plus douces plantées de mélèzes. Parvenus au Casset, il ne reste plus que trois km complétement plats jusqu’au Monêtier les Bains et notre gîte du jour, le Flourou. Un accueil très sympathique et une bonne chair nous aurait presque donné envie de faire une journée de séjour supplémentaire. D’autant que le village du Monêtier est très attachant si on oublie la circulation dense en été (un peu moins lors de notre passage). C’est la route qui relie Grenoble à Briançon et Gap !
Jour 4 : Le Monêtier les Bains – Vallouise : 22 km – D+=118àm – D-=1322m – 7h20 de déplacement
Etape qui va nous permettre de passer d’une vallée à une autre, de la Guisane à la Vallouise. De la terrasse du gîte du Flourou nous avons eu le temps en fin de J3 de voir ce qui nous attendait pour la matinée du jour. Une grosse montée de près de 1000 m d’un tenant jusqu’au col de l’Eychauda à 2425m. La montée se fait en grande partie dans la forêt. Comme souvent, c’est dans le pied du col que les pourcentages sont les plus raides. Je donne la cadence avec un pas qui permet à chacun de bien suivre sans essoufflement superflu. Une telle allure permet de progresser de façon très régulière et en respectant voire en améliorant les vitesses d’ascension données dans la littérature, 400 m à l’heure en moyenne. Sur ce col et d’autres à venir, nous ferons plutôt du 450, voire du 500 m à l’heure. Rien de particulier à dire sur le paysage sinon qu’à l’approche du col nous sommes dans la montagne aménagée et un peu défigurée par les infrastructures de sport d’hiver : pilonnes des télésièges, pistes, grand réservoir d’eau. Sous le col, j’aurai pu engager le groupe dans un autre cheminement que le GR54. Il existe en effet une variante plus engagée à partir du PC 2298 qui mène au lac de l’Eychauda par le Pas de l’Ane et le technique col des Grangettes équipé de plusieurs dizaines de mètres de main courante. Je savais que l’arrivée à ce col avec un groupe de dix personnes aurait pris du temps auquel il aurait fallu ajouter le temps de descente jusqu’à Vallouise. Mais rétrospectivement avec ce que le groupe a montré par la suite, le coup était gérable. A l’occasion d’une pause au col de l’Eychauda, nous faisons la connaissance d’une jeune Genevoise qui fait le GR 54 et avec laquelle nous cheminerons épisodiquement les deux jours suivants. La descente du col vers le paisible vallon du Chambran et ses fameux chalets d’alpage se fait tout en douceur. Par ce chemin on ne fait que deviner au NO l’emplacement du lac glacière et son glacier, le Séguret-Foran. Dommage…. La jeune suissesse aura la force de faire l’aller-retour pour aller admirer le lac en prenant le chemin emprunté par des dizaines de touristes en été. Pour notre part, nous profitons de la douceur de vallon, pour notre pause méridienne. Il fait chaud. Et la descente vers Vallouise est plein sud ! La longue pause nous permet de soigner les pieds d’un camarade qui n’est pas gâté par ses chaussures Décath…. C’est sa première rando itinérante et il apprend à gérer l’effort dans la durée.
Le tracé officiel du GR54 propose un cheminement au-dessus de la vallée de la Vallouise qui emprunte de nombreux passages bitumés. Claude qui avait déjà fait l’étape avait trouvé le cheminement sans fin et épuisant. Je propose au groupe un autre chemin qui descend de façon abrupte en fond de vallée à hauteur du hameau de Pelvoux-les Claux sur la route d’Ailefroide, lieu bien connu des grimpeurs sur blocs. En effet, les glaciers Blanc et Noir ont charrié des centaines de blocs monstrueux disposés dans une belle forêt de mélèzes créant ainsi une sorte de La Mecque de l’escalade sur blocs… Mais nous tournons délibérément le dos à ces lieux emblématiques des Ecrins que sont ces glaciers, la Barre et le Dôme de Neige des Ecrins, le Pelvoux, Ailefroide et ses dalles vertigineuses et plus anecdotiquement le pré de Madame Carle, lieu parking bien connu des randonneurs ou alpinistes qui se sont donnés le glacier Blanc comme objectif. Pour la petite histoire, juste après leur exploit à la Meije, Pierre Gaspard et Castelnau vinrent annoncer leur réussite devant les membres participant au congrès constitutif du Club Alpin Français, le CAF réunis pour l’occasion dans le fameux pré de la dame Carle.
Nous, nous filons tranquillement pour 3, 4 kilomètres en fond de vallée, le long du Gyr qui descend directement du Glacier Blanc. La jonction dans le village avec le torrent de l’Onde donne naissance à la Gyronde ! Nous arrivons plus tôt que prévu à Vallouise qui a retrouvé sa quiétude depuis que les touristes d’août l’ont déserté. Une belle ruelle bordée de vieilles et grandes maisons nous mène à notre gîte du jour, l’Aiglière. C’est la fin de la première partie du séjour. Demain nous entrons dans la partie un peu plus « sauvage » de la boucle : adieu routes, télécabines, télésièges, pylônes….
Jour 5 : Vallouise – refuge du pré de la Chaumette : 17 km – D+=1195m – D-=1003m – 7h10 de déplacement
L’étape du jour va nous faire passer de la vallée de la Vallouise à la vallée du Champoléon en passant par le « toit » du séjour, au col de l’Aup Martin (2761m).
Nous faisons une petite infidélité au GR en neutralisant 6 km du parcours. En effet, nous prenons un minibus pour parcourir les 6-7 km le long de la vallée de l’Onde au départ de Vallouise jusqu’à notre point de départ officiel, Entre les Aygues, terminus de la route et parking pour toutes les randos dans le massif des Bans ou vers l’Aup Martin.
Franchir ce point haut ne semble pas traumatiser les collègues 😊. En ce début d’étape, la pente douce dans le vallon de la Selle n’est pas faite pour les inquiéter. De nombreuses cascades tombent des deux cotés du vallon. Après avoir pris un peu d’altitude, nous franchissons un léger verrou glaciaire qui nous mène à la cabane du Jas Lacroix. Nous allons à la rencontre des bergers qui veillent avec leurs patous sur un troupeau imposant de plus de 800 bêtes. Pour le moment, le troupeau est encore dans son corral, ce qui donne une sacrée densité ovine au m2. Une bergère est en train de soigner un mouton blessé à la patte… Nous ne nous attardons pas pour ne pas trop embêter les patous, un peu nerveux. Le lieu abrite (c’est bon à savoir si vous passez par-là un jour de tourmente) un petit local pour randonneur. Nous continuons à nous élever progressivement en devinant plus haut au SO le pic de la Cavale (2985m). Cela nous donne la direction du col de l’Aup Martin. Un géologue n’y retrouverait pas ses petits. Le gneiss se partage le terrain avec les vestiges de couvertures sédimentaires : nous arrivons au pays des grès du Champsaur qui ont façonné une grande partie du sud des Ecrins en plus des grands sommets purement cristallins. L’interprétation du paysage avec un géologue serait passionnante et nous retiendrait un paquet d’heures sur place. Pour le moment, le sentier se fait plus exigeant et commence à monter dans les tours mais sans plus….
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Nous quittons un sentier plutôt fait de micaschistes pour tomber sur des schistes ardoisiers bien noirs et poudreux. Les marques montent dans de gros éboulis rocheux et la dernière partie du passage est la plus délicate car le sentier disparaît. Même si la trace à suivre est étroite, pas d’impression de vertige : le trait s’élève assez doucement jusqu’au col mais en laissant l’impression de bien pouvoir poser ses pieds à plat. Il parait qu’il en va différemment lorsque la roche est mouillée. Vous ne nous en voudrez pas de ne pas attendre la pluie pour confirmer 😊 Le col une fois franchi sans plus d’émotion que çà nous continuons à flanc de montagne sur les mêmes conditions de cheminement dans ces schistes pendant 300 ou 400 m … Nous passons sous le pic de la Cavale et nous rejoignons finalement le pas de la Cavale à partir duquel s’engagera la longue descente vers la vallée du Champoléon et le refuge. Du pas de la Cavale, le regard est attiré vers l’est sur des versants aux plis impressionnants. Sur le moment je ne savais pas mettre beaucoup de mots pour expliquer de quoi il s’agissait : l’émerveillement suffisait. A posteriori, je sais un tout petit mieux expliquer ce que nous voyions. Il s’agit de plis créés au moment de l’apparition des Alpes dans une roche qui n’en est pas une vraiment et que les géologues appellent Flysch. Le flysch est un dépôt sédimentaire détritique constitué principalement par une alternance de grès et de marnes qui se sont accumulés dans un bassin océanique alpin en cours de fermeture avant donc l’apparition des Alpes proprement dite). C’est donc une formation qu’on trouve un peu partout des les Alpes en général. Fermons le ban mais ces sujets de grande complexité sont passionnants. Nous commençons la descente en cherchant un endroit un peu plus abrité du vent pour déjeuner. Réconfortés par la collation, nous continuons la descente par de larges lacets d’abord puis en suivant un chemin plus rectiligne à la fin du versant proprement dite sur le plateau des Rougnoux. Nous passons à proximité de la cabane du même nom où le berger surveille ses moutons qui descendent poussés par ses patous. Le dernier du groupe a juste le temps de passer avant que le troupeau s’engage sur le chemin. Les chiens nous auraient alors interdit le passage. L’arrivée au refuge se fait dans la demi-heure suivante. Le Pré de la Chaumette est un grand refuge sous-occupé en cette fin d’été. On nous annonce dès notre arrivée que les douches sont fermées. Heureusement, le torrent des Rougnoux est proche et la toilette qui s’ensuit très tonique…. Ces toilettes auront fait l’objet de quelques photos qui ont circulé sous le manteau 😊
Jour 6 : Refuge du pré de la Chaumette – refuge de Vallonpierre : 13 km – D+=1290m – D-=819m – 6h13 de déplacement
Rando courte aujourd’hui sous le signe du Sirac (3441m), sommet emblématique du Champoléon et du Valgaudemar. Au programme 3 cols à passer entre-coupés de vallons qui n’imposent pas de longues descentes. La montée du 1er col, le col de la Valette (2668 m) se fait dans un bon rythme mais sans s’essouffler plus que nécessaire. Depuis la montée à l’Eychauda (J4), le groupe s’est habitué au rythme de progression en montée. Il nous faut ainsi 3 heures pour parvenir à notre premier col depuis le refuge. Le terrain est parsemé de gros blocs dans la première partie plein nord du chemin. Ensuite, la pente jusqu’au col, plein ouest, sera moins forte. Le sentier est toujours aussi bien tracé. Merci à l’administration du parc qui a pour mission d’entretenir les quelques 700 km de chemins de rando (GR, GRPs et PRs). A proximité du col, un patou nous barre la route : ses moutons mangent tout autour du col. Le pépère n’est pas bien menaçant et nous laisse passer moyennant quelques bonnes caresses ! Au col, le terrain n’est fait que de schiste concassé. La vue, plein nord, sur le vallon de la Valette juste sous nos pieds et sur le Sirac et ses glaciers (Vallompierre et Veyrardonne) est à couper le souffle. Le vent souffle, nous ne nous attardons pas et entamons la petite descente abrupte vers le vallon du Gouiran avant de remonter vers le col éponyme. A l’ouest, très loin il m’a semblé apercevoir les hautes murailles du Vercors dans sa partie sud est terminale, au-dessus du Diois ? Le fond de notre vallon est tapissé d’une belle pelouse qui incite à la paresse. Nous ne sommes pas pressés : après une petite pause, nous remontons au second col, le col de Gouiran (2591 m). Encore des moutons et un filet sur le col qui se prolonge sur la crête, à droit et à gauche. Tout d’un coup nous voyons débouler le berger que nous avions croisé plus bas en train de bavarder avec un trailer. Il essaie de récupérer 2 moutons qui ont réussi à franchir la clôture à l’est du col. Il les rattrape en reprenant la pente pour les contourner par le haut. Même les chiens ont du mal à suivre leur maître 😊 A l’issue de la course, il réussit à faire repasser les bêtes du bon côté. Pas de tout repos le métier de berger !
A nouveau une assez courte descente avant d’entamer notre 3ème col, le col de Vallonpierre (2607m). Il nous aura fallu près d’une heure cinquante pour passer du col de la Valette au col de Vallonpierre. Toujours le même environnement minéral avec sous les pieds cette roche presque poudreuse noire, le calcschiste. Le dernier versant avant le col ressemble de fait à un terril. Au col, nous laissons les sacs pour prendre un peu plus d’altitude sur une petite bosse au NW. Mais il y a mieux encore car plus haut le pic de Vallompierre (2741m) nous fait de l’œil. Nous sommes quelques-uns à le rejoindre en suivant la crête. Séance photos incontournable ! Nous voyons le refuge et son laquet au NE, l’imposant Sirac et ses glaciers à l’Est, le pic de Vallon Clos au NW. Nous retrouvons nos sacs et commençons la descente vers le refuge mais à mi-pente nous prenons la pause déjeuner. Le refuge est accueillant et il y a encore peu de monde. Il est posé en contrebas de gros blocs de gneiss descendus de la crête du Vallon Clos d’où son nom je suppose. Une grande plaine lacustre s’étend vers l’est du refuge, piste d’atterrissage des hélicos qui le ravitaille. En juillet, le refuge avait fait l’objet d’un reportage de 30 min diffusé par France 2 à 20h30. Après notre installation, je propose au groupe une activité autour des chaos rocheux pour bien appréhender la progression sur de gros pierriers. Je sais personnellement que ce n’est pas simple et qu’il faut vaincre une certaine appréhension (souvenirs d’un séjour avec Michel sur la HRP…). Seuls deux courageux m’accompagnent. Nous trouvons de bons rochers à enchainer. L’exercice est intéressant mais il ne remplit pas le restant de l’AM…. On complètera avec une traversée du laquet, trop vaseux à mon goût. En regardant la carte, je vois que la montée vers le pic du Vallon Clos était largement dans nos cordes. Ce sera pour une prochaine fois. Et puis, il faut garder des forces car le programme des J7 et J8 est copieux.
Jour 7 : Refuge de Vallonpierre – refuge des Souffles: 26 km – D+=1040 m – D-=1375 m – 8h30 de déplacement
Les prévisions météo ne sont pas fameuses et pile-poil pour les deux jours difficiles ! En ce début de matinée pas d’alerte et la longue descente du Vallonpierre commence : direction le haut de la vallée de la Séveraisse, principale vallée qui entaille profondément le massif jusqu’en son cœur cristallin. La descente ne présente aucune difficulté et nous parvenons bientôt à la cabane de Surette. Le berger vient juste de décoller : on a croisé l’enclos des moutons un peu plus haut. Nous marchons en rive gauche de la Séveraisse qui vient de naître juste au-dessus… Nous ne la quitterons que 15 km plus loin, à Villar-Loubière. L’entrée dans la vallée se fait par une allée entre deux murets de pierre : il faut un petit moment pour s’adapter à cette nouvelle végétation de fond de vallée. Aux arbres surtout (des frênes ?) qui masquent l’importance de la pente et l’aspect très encaissé du terrain, terrain recouvert de blocs gigantesques. Bientôt, mieux adaptés à cette configuration, nous descendons la vallée sur près de 13 km. Au-dessus de nos têtes passe et repasse l’hélico qui fait des rotations avec le refuge pour le vider de ses déchets et le réapprovionner. Nous tombons rapidement sur les ruines du hameau des Clôts et le refuge Clot Xavier Blanc, belle bâtisse tranquille qui donne envie d’y séjourner. Je sais que la petite Genevoise rencontrée le J4 s’y est arrêtée la veille. Le cheminement est silencieux. Progressivement, la vallée s’élargit même si tout là-haut au nord l’Olan nous a à l’œil. Nous passons un hameau, le Rif du Sap surmonté au sud par les belle Aiguilles de Morges (2986 m) qui font face au sud au pic de Vallon Clos évoqué plus haut. Un panneau nous avertit que le hameau est à la recherche de dons pour la restauration de sa petite chapelle détruite par une avalanche quelques années plus tôt ! Il n’accepte pas les CB…. Tant pis. Chacun a en tête l’arrivée à la Chapelle en Valgaudemar mais il y a encore deux hameaux à traverser ( le Bourg et le Casset) installés en bord de rivière.
Nos troupes sont très distendues et à un embranchement j’attends au moins dix minutes pour accueillir l’arrière-garde (léger agacement 😊). Le reste de la troupe a continué et nous a devancé à la Chapelle… Chacun a son portable à l’oreille. Le village est touristique. Des hôtels, des campings, nul doute qu’il fasse le plein en haute saison… Pour l’heure il est plutôt peinard. Nous « dévalisons » une petite épicerie ouverte juste avant midi. Le tenancier n’est pas des plus commerçant… Un petit parc à proximité d’une des Maisons du Parc National nous sert de salle à manger. Il faut prendre des forces car la longue progression dans la vallée nous a bien fatigué. J’appréhende sans le connaître le dernier coup de cul pour parvenir aux Souffles… Avant de parvenir au pied de notre dernière bosse, il nous reste 4 km de vallée jusqu’à Villar-Loubière. La vallée comptait autrefois plusieurs moulins au toit en chaume. Il reste celui de Villar qui abrite son musée de la Toinette à lui. C’est là qu’on met le clignotant à gauche et que la rude ascension vers le refuge commence, près de 1000 m en moins de 4 km, je vous laisse calculer la pente 😊 Je vous aide : plus de 20% si on la moyenne. Comme souvent, c’est l’arrachement à la pesanteur du fond de vallée qui est le plus dur. Une fois parvenus sur les pentes, le tracé du chemin est plus « étudié « et favorise normalement le % de moindre pente. Mais malgré tout, il faut bien se les faire les quasi 1000 de D+. Trois collègues prennent les devants : au train, nous en reprendrons un mais les deux autres nous précéderons de 10 minutes. Au moment exact, où je parviens aux tables extérieures du refuge, quelques gouttes pleuvent. La prévision n’était pas complètement fausse : je commence à angoisser pour l’étape du lendemain, la plus compliquée du séjour. La petite liqueur de l’amitié que nous offre le gardien me décontracte un peu…
Jour 8 : Refuge des Souffles – Valsenestre: 23 km – D+=1664 m – D-=2300 m – 10h03 de déplacement
L’étape du séjour ! Celle après laquelle je pourrai me dire si tout se passe bien « ça y est, le séjour est bouclé ». Un peu de stress accentué par la météo : j’ai cru entendre pleuvoir toute la nuit alors qu’il s’agissait du bruit de la cascade dans le ravin près du gîte. Comme la veille, il s’agit de faire deux étapes en une par rapport au découpage officiel du parcours. Deux cols dont un assez facile, le col de Vaurze (2490 m) et le col de Côte Belle (2290 m) et surtout deux longues descentes vers les vallées de Valjouffrey et du Béranger. Les pressions ont dû augmenter car on voit que les nuages se disloquent et s’accrochent sur certains sommets ; la vallée du Valjouffrey est noyée sous une mer de nuages. La montée vers le 1er col nous oblige à passer l’imposant talweg sur le bord duquel le refuge est construit. Peu de dénivelée car nous restons sur les mêmes courbes de niveau. Des câbles sont installés pour le passage de certains petits ravins qui laissent passer les torrents qui se déversent tous dans le talweg. Vers 2000 m, les quelques lacets qui nous mènent au col sont rapidement franchis. Les nuages recouvrent encore quelques sommets mais la dislocation est bien avancée. Le soleil éclaire quelques cimes. Ouf ! Un souci de moins. Au col, la brume remonte des deux côtés. Le panneau indique Le Désert en Valjouffrey à 4,6 km. On voit juste en face la belle saignée de Cote Belle que nous monterons l’après-midi, on devine même au second plan la montée du col de la Muzelle au programme du lendemain. Pour l’heure, on se concentre sur la plus longue descente du séjour, + de 1300 m de dénivelée négative ! Descente difficile avec de nombreux ravins à franchir et très rocheuse. Du coup l’homogénéité du groupe à la montée vole en éclat. A mi pente, j’attendrai longtemps les derniers. Quand ils arrivent à ma hauteur, je décide de faire le serre-file jusqu’au Désert. On aperçoit de plus en plus précisément le hameau avec à son est des prés de fond de vallée tachetés de tas de pierre à l’espacement très régulier. Quel travail il a fallu pour tirer le minimum d’herbe de ces terres ingrates et pauvres ! La lenteur de la descente permet d’apprécier le paysage…. Le reste du groupe est déjà loin. Cela fait un bon moment qu’ils sont dans le hameau quand nous commençons à marcher à plat dans le fond de cette étroite vallée. Nous mangeons au Désert, près du cimetière. Pas grand monde dans la rue principale ; un petit bar-restaurant est ouvert avec deux, trois piliers de bar. Nous sommes quelques-uns à nous offrir un petit café pour nous donner de la force pour l’après-midi. Nous voilà au pied de Cote Belle le second col du jour à plus de 1000 m au-dessus. La montée comme toujours se fait au train même si deux amis ont pris les devants. Le début de l’ascension est rectiligne, presque plein nord. A mi- col, le vallon que nous remontons s’élargit et nous grimpons par de longs lacets à la pente acceptable. Mais chacun des segments parait bien long. A l’arrivé du groupe, la performance est acceptable : 2h15 pour les plus de 1000 M de D+. Le topo annonçait 3h30 depuis le Désert ! Il nous en avait fallu 2 le matin pour parvenir au col de Vaurze. Le groupe a fait du globule rouge et la fatigue ne semble pas se faire sentir pour la plupart d’entre-nous. C’est bon signe ! Le col est accueillant et herbeux, à la différence de tous ceux qui ont précédé. La descente est moins exigeante que celle du matin. Sous le col, d’énormes blocs de schiste dessinent d’impressionnantes lames parallèles à la pente. Un peu plus bas ce seront des falaises de schiste qui nous surplomberons… Ce sont les derniers passages minéraux de la descente, bientôt nous parviendrons dans des pentes boisées et plus douces jusqu’au torrent du Béranger qui donne son nom à la vallée de Valsenestre. Douce vallée qui semble à l’écart du monde…
La journée que j’appréhendais tant est sur le point de s’achever. Une large piste en légère descente nous amène jusqu’au beau hameau de Valsenestre. Il a la particularité de ne plus être habité à partir de fin octobre. La petite route d’accès est coupée car le Conseil général ne veut pas déneiger pour deux ou trois habitants ! Le hameau n’est plus accessible alors qu’en raquette. Là encore on touche du doigt l’évolution démographique de ces petits hameaux de fond de vallée à partir du second tiers du XXéme siècle : le gîte où nous logerons était une école primaire qui a fermé en 1936. Une grosse vingtaine d’enfants y était scolarisés. De fait, ce gros hameau compte de nombreuses et belles maisons presque toutes bien restaurées et à vocation touristique plus que familiale dixit le très sympathique gardien du gîte. Les magnifiques couronnes de saucisse grillée et leur plat de lentille nous apporte un grand sentiment de bien-être, récompense d’une belle journée de montagne (et d’efforts).
Jour 9 : Valsenestre – refuge de la Muzelle: 9 km – D+=1320 m – D-=460 m – 6h05 de déplacement
Une fois n’est pas coutume, nous nous sommes octroyés une bonne grasse matinée et nous nous arrachons à la quiétude de ce beau gîte (que je recommande) autour de 8 h. L’étape sera courte mais les photos de la montée au col que nous avons vues dans le gîte sont « inquiétantes ». Il semble que la dernière partie du col présente un véritable mur de schistes ardoisiers avec un sentier qui fait plus de zigs et zags que jamais. Pas moins de 50 lacets, taillés dans le schiste et régulièrement entretenus permettent de parvenir au col. On n’y est pas encore. On doit refaire à l’envers le chemin d’exploitation de la veille : 3 km de faux-plats pour se chauffer les muscles. La montée vers le col suit parfaitement la combe et la pente s’accentue très progressivement. Notre sentier est sous le regard à l’est de plusieurs pics ou pointes à plus de 3000 m : pointe Swan (3199m), pointe Henriette (3269m), pointe Marguerite (3262m), pointe Buisson (3190m). La petite pause sous la cabane de Ramu me laisse le loisir de les observer à la jumelle. Deux, trois petits glaciers sont encore accrochés. Jusqu’à quand ? Le berger et ses patous nous surveillent de leur cabane. Le chien aboie, l’écho dans cette combe profonde lui répond et lui répond à l’écho. Ça n’en finit plus … Encore quelques efforts et nous sommes enfin au pied du mur. De loin, il semblait que les lacets tracés sur ce long éperon schisteux étaient presque à plat. Mais il faut se résoudre à l’évidence, il reste plus de 300 m de dénivelée et il faut bien accepter que la pente du sentier se relève. On sent nettement que les lacets sont courts, on passe son temps à prendre les virages. Le sentier est parfaitement tracé et entretenu : bravo les agents du Parc. Le sentier est étroit mais on ne ressent aucun sentiment de vertige. A la descente c’est peut-être différent car on prend très vite de l’altitude. A mon rythme, tout le monde parvient au col (2613m) sans essoufflement excessif. A droite, la Roche de la Muzelle (3376m) et à gauche le pic du Clapier du Peyron (3126). Je suis un peu triste : c’est le dernier grand col du séjour. Ça sent l’écurie. Quand tout se passe bien on aimerait que le temps s’allonge. Mais non, c’est toujours le même rythme : passage du col, photos, début de descente et pause déjeuner. Derniers calculs et statistiques : annoncé à 4h30 de Valsenestre, nous l’avons atteint en 3h30 dont 30 minutes de pause sous la cabane de Ramu. Toujours nos globules rouges 😊. La descente est très minérale : pas de belle prairie comme à Côte Belle la veille. Du coup nous cassons la croûte bien callée sur des rochers.
Le lac et le refuge de la Muzelle sont à portée. J’observe la station des Deux-Alpes plein nord au-dessus de la vallée du Vénéon qui mène au SE à la Bérarde. Je n’imaginais pas une aussi grosse station : peu de chalets, que de grands immeubles; un peu en retrait à l’ouest une sorte d’énorme bâtisse genre château de parc Disney ! Et puis des remontées à foison. La montagne un peu défigurée au regard du visage qu’elle nous a offert depuis 4 jours, depuis Vallouise. Peu importe, vu comment est situé le refuge, cette lèpre sera cachée à notre regard. Nous arrivons à 14 h au lac que nous contournons. Nous demandons à une dame qui s’essuie s’il est possible de s’y baigner. Elle est affirmative. Une occupation pour l’après-midi ! La gardienne du refuge n’est pas du genre causant, heureusement son adjoint le sera à sa place. Nous nous installons pour la dernière fois. Nous sommes à l’aise, le refuge est sous-occupé. Chacun va vaquer à ses affaires. Pour notre part, Patrice et moi optons pour la baignade dans ce magnifique lac sous le glacier de la Muzelle. On n’y passerait pas la journée mais moyennant quelques bonnes brasses, la température autour de 12° est largement acceptable. A noter le fort courant qui empêche Patrice de faire la traversée intégrale 😊.
D’autres atlassiens partent à la recherche d’un point haut pour capter du réseau, d’autres à la recherche de la Roche Percée et des Cheminées de Fée en direction du glacier. Quelques mètres de dénivelée à ajouter au compteur ! L’après-midi sera conclu par un bel apéritif offert par l’Association. Le repas avec son bon ragoût d’agneau conclura une nouvelle belle journée de montagne.
Jour 10 : refuge de la Muzelle – La Denchère 9 km – D+=637 m – D-=1750 m – 4h35 de déplacement
L’excitation du dernier jour nous a fait lever tôt et à 6h30 nous sommes prêts à « petit-déjeuner ». C’est sans compter sur la gardienne qui nous dit que le petit déj c’est à 7h et pas avant 😊 Bien mon adjudant. Nous errons un peu désœuvrés sur la terrasse en admirant encore ce superbe environnement. La veille, des fracas de sérac dégringolant sur la pente nous ont fait lever la tête plusieurs fois. Après un petit dej quelconque mais toujours réconfortant, il reste encore un petit effort avant de nous jeter dans la descente vers le lac du Lauvitel et la vallée : le col du Vallon (2131m) sera notre dernier obstacle d’altitude. Nous y parvenons sans coup férir en jetant un regard sur le lac de la Muzelle, bleu émeraude sous le soleil matinal. Puis vient l’interminable descente pas trop technique ni piégeuse vers le lac. Quelques randonneurs nous suivent et/ou nous doublent. Depuis Vallouise, nous étions seuls ou quasi sur les chemins. Ces 6, 7 randonneurs que nous côtoyons nous donnent l’impression qu’il y a foule sur ces sentiers !
A l’ouest, face à nous, la montagne qui tombe dans le lac est coupée en deux par une faille rectiligne qui nait sous le sommet du Rochail (3022m). Le lac du Lauvitel est le plus grands des lacs de l’Oisans. Le long et large vallon qui remonte au sud vers la crête entre le Signal du Lauvitel (2901m) et le pic du Clapier du Peyron est une réserve intégrale à l’intérieur du Parc. Tout accès y est interdit. Cela n’empêche pas une très longue ligne à haute tension de remonter tout le vallon en rive gauche du lac. Nous ne nous attardons pas très longtemps. La descente n’est pas finie. Elle continue mais dans des conditions de terrain presque plus difficiles que toutes celles rencontrées jusque-là. Le Parc a « caladé » le chemin : l’angle des pierres est propice à la montée mais pas forcément à la descente surtout humide comme elles le sont. Il faut redoubler de prudence à l’approche du but : ce ne serait pas de chance ! Enfin nous entrons dans la Denchère contents que tout le monde en ressorte indemne. Ce terrain est praticable avec de bonnes chaussures de rando : la plupart des randonneurs qui montaient portaient plutôt des chaussures de trail !
Voilà c’est fini. J’accompagne les trois chauffeurs plus bas pour récupérer la voiture de Claude qui les amènera à Mizoën récupérer les deux autres voitures. Le tout se terminera dans une bonne brasserie du Bourg d’Oisans où nous dévorerons une bonne bavette-frites. Les ruptures sont toujours un peu brutales : réveillés le matin dans cet univers magique de la haute montagne et bloqués le soir sur une bretelle d’autoroute à Lyon sous une chaleur étouffante ! Moi qui ne conduis pas, j’ai encore la tête dans les Ecrins, récapitulant tout ce que nous avons vécu ensemble durant ces dix belles journées. Vivement les prochaines !
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